Un Peu D'Histoire

L’association Droit au Travail est une association de chômeurs créée à Lens en 1988. Tout en gardant ses activités de défense des droits des chômeurs et de leur accueil quotidien, Droit au Travail a donné naissance à un groupe d’entreprises dénommé ARDENSE afin de pouvoir proposer des emplois à des demandeurs d’emploi dans une région où les offres étaient déjà rares….
Pierre DENEUX était délégué syndical de TREFIL-UNION à Loison sous Lens. Touché par un plan social au niveau du groupe, il suit une formation de conversion : le DEFA (diplôme d’animateur) et crée une association de chômeurs pour rompre leur isolement et défendre leurs droits individuels et collectifs.
Pierre DENEUX, avec Odile MARECHAL qui participait à un groupe de chômeurs à Noyelles sous Lens, créent juridiquement en juin 1988 l’association Droit au Travail.
Demandeurs d’emploi, une question nous habitait :Comment briser l'isolement des demandeurs d'emploi ?
En fait la réponse était simple. Il suffisait d’entendre la question et de pouvoir nous l’exprimer : " Qu'est-ce qui nous blesse nous qui sommes en recherche d’emploi, et nous conduit au repli sur soi ?".
C'est essentiellement le rejet, le jugement, l'incompréhension des autres et un profond sentiment de culpabilité.
Il fallait donc créer, avec des demandeurs d’emploi, un lieu où «ils puissent se dire" et découvrir qu'ils n'étaient pas seuls. C'est donc le premier chantier qu'il a fallu entreprendre.
Après distribution de tracts à l'A.N.P.E. et des contacts personnels avec des demandeurs d'emploi, un groupe d'une dizaine de personnes s'est constitué.
Le premier Point Accueil s'est mis en place, tous les vendredis après-midi, dans une salle prêtée par la Municipalité d’un quartier périphérique et excentré de Lens, difficile d’accès par les transports en commun.
Même si au début, nous ne faisions que cela, ce rendez-vous hebdomadaire était important, car il était attendu avec impatience et souvent l'un (une) ou l'autre amenait une personne au chômage qu'il (elle) connaissait ou avait rencontrée.
C’est ainsi, en partant de ce début de parole qui se libérait, que s’est dégagée la nécessité de s’organiser pour aller plus loin dans cet accueil et de construire notre action sur deux axes : l’axe revendicatif et l’axe développement d’activités économiques. D’où la création de l’association « Pour le Droit au Travail ».
Ensemble nous avons travaillé, puis déposé les statuts de notre association.
Après bien des complications, l'association s'est installée dans un appartement du quartier de la Grande Résidence de Lens.
Grâce à la rencontre avec l'association "Solidarités Nouvelles face au Chômage", un premier poste de permanent, à temps complet, est proposé à l’association en décembre 1989. Une permanence journalière peut désormais se mettre en place, en janvier 1990.
Le lendemain, dès l’ouverture de la permanence, Odile accueille le premier demandeur d’emploi : Philippe ….qui, l’année suivante, nous quittera….victime du chômage. Il nous a laissé cette Parole qui situe bien le drame du demandeur d’emploi :
« J’ai deux mains et une tête…. et personne n’en veut… ».
Très vite, les demandeurs d’emploi affluent… une seule personne pour tenir les permanences, ce n’est pas possible…. et le 1er avril 1990, une deuxième salariée est embauchée, en contrat Emploi Solidarité : Yvette….
Avec l'arrivée de ces nouveaux moyens, et afin de faire face à la venue de nouvelles personnes, nous avons alors mieux structuré notre action.
Nous avons d'abord renforcé l'aspect "accueil" : Un accueil individualisé en premier lieu, complété ensuite par un accueil convivial et collectif qui permette l'expression des demandeurs d'emploi au sens large du terme.
En 1990, d’autres projets naîtront
- L’association intermédiaire relais Travail en octobre 1990,
- Récup’Tri avec une équipe de demandeurs d’emploi qui veut créer son entreprise à partir de la collecte de verre.
- A la demande d’une partie des personnes accueillies, des « ateliers pratiques » ont été mis en place afin d’aller plus loin dans la reprise de confiance en eux même et en leur capacité à réaliser concrètement des choses de leur main. Ainsi, il s'est créé un atelier "Sculpture sur bois", un atelier "Photo" (noir et blanc), un atelier "Vélos Mobylettes", un atelier d'initiation à la dactylographie et d'utilisation de l'ordinateur, le journal "le Chômeur Déchaîné"»….. dont le numéro « zéro » est sorti le 1er mai 1990…. et il existe toujours ! Un atelier féminin avec des activités : cuisine - couture - tricot machine - crochet - Foires aux Vêtements - et enfin, le réseau d"'Echanges Réciproques de Savoir".
Ces ateliers seront à durée limitée : notre souci est de partir du désir des personnes, de faire «avec » et non « pour »….
Plus tard, c’est une Epicerie Solidaire :
A l’origine il s'agissait, en liaison avec Récup'Tri, d'un collectage et d'un tri de vêtements. Cette action a été, petit à petit, prise en charge par un groupe de femmes.
Cela a ensuite donné naissance au développement d’une « Epicerie Solidaire » qui aujourd’hui fonctionne avec une salariée à temps plein.

Pour faire entendre notre voix nous avons débuté par des interventions et des manifestations auprès de l'A.N.P.E., de l'A.S.S.E.D.I.C., de la CAF et de la presse locale. Très vite, ces actions nous ont permis d’avoir un rôle de médiation auprès de ces administrations pour faire prendre en compte la parole des demandeurs d’emploi.
Nous sommes intervenus également auprès des médias et de l’opinion publique en organisant des conférences de presse et des actions symboliques (« destruction du mur de l’indifférence face au chômage », « plantation d’un bouleau devant l’ANPE », etc.) Ce qui a abouti à une meilleure prise en compte au niveau local du vécu quotidien des demandeurs d’emploi.
C’est aussi à cette époque, lors de l’Assemblée des associations de chômeurs organisée à Lens, que nous avons rencontré Maurice PAGAT qui dirigeait le « Syndicat des Chômeurs » et le « Mouvement National des Chômeurs et Précaires.»
Nous nous sommes donc investis au niveau national avec la volonté de donner une dimension nationale à la parole des demandeurs d’emploi et sortir de l’orientation caritative de la société.
Aujourd’hui Droit au Travail compte 8 salariés permanents. Nous poursuivons notre mission de défense des droits des demandeurs d’emploi tout en proposant un accompagnement social et professionnel de proximité.
Le groupe ARDENSE, créé à l’initiative de Droit au Travail, compte à ce jour une association intermédiaire, une scop, deux Ateliers et Chantiers d’Insertion, deux entreprises d’insertion et une entreprise classique.